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MORCEAUX CHOISIS

Non, non, dans les champs de l’espace
Avec moi tu vas t’envoler :
La Providence te fait grâce
Des jours que tu devais couler.

Que personne dans ta demeure
N’obscurcisse ses vêtements,
Qu’on accueille ta dernière heure
Ainsi que tes premiers moments.

Que les fronts y soient sans nuage,
Que rien n’y révèle un tombeau ;
Quand on est pur comme à ton âge,
Le dernier jour est le plus beau. »

Et secouant ses blanches ailes,
L’ange à ces mots a pris l’essor
Vers les demeures éternelles…
Pauvre mère ! ton fils est mort !

Reboul.


LE DORMEUR


Il y a peu de temps, vivait à la Part-Dieu un Père que le plus invincible penchant au sommeil contrariait étrangement. Avec la meilleure volonté du monde, il ne pouvait s’éveiller à onze heures (avant minuit) pour aller chanter matines. Or la nature, qui l’avait fait si dormeur, l’avait fait aussi très bon mécanicien. Sans études, sans notions aucunes de mathématiques, à force de réflexion et de travail, il avait fabriqué une horloge parfaite. Il ajouta d’abord à la sonnerie, en guise de réveille-matin, un rude carillon, qui fut insuffisant, et bientôt, aux angles et au milieu du petit chapiteau qui couronnait le cadran, un merle, un coq et un tambour. À l’heure dite, tout cela faisait tapage. Pendant quelques nuits, les choses allèrent bien ; mais au bout d’un certains temps, quand venaient onze