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LA CONSTRUCTION


285.Les règles que nous donnons pour la distribution des silences ne sont pas absolues ; un lecteur habile jugera bon parfois de les ignorer. En général, cependant, on devra se borner à les observer strictement, et ne s’en écarter qu’avec prudence.

Ces règles s’appliquent à la prose et à la poésie. Mais, en disant des vers, il faut tenir compte de l’harmonie qui leur est propre, et tout en groupant les mots d’après le sens, s’appliquer à marquer autant que possible le rythme, à faire sentir la mesure, et à dégager la rime. Si les vers sont bien faits, le diseur pourra les construire correctement, sans briser le rythme ; s’ils sont mauvais, il devra sacrifier le rythme à la clarté.


286. — Deux principes généraux s’appliquent à la distribution des silences :

1o Lorsqu’une idée est exprimée, elle doit se graver dans l’esprit de l’auditeur et s’y lier à celle qui l’ont précédée. Un silence est pour cela nécessaire. — Ex. :

Le château | est hanté. Le château du baron | est hanté.

2o Quand la parole ne rend pas toute l’idée, quand il y a ellipse, un silence doit donner à l’auditeur le temps de compléter le sens, avant qu’un autre objet soit présenté à son esprit. — Ex. :

L’espace est son séjour, l’éternité | son âge. (Lamartine.)

De ces deux principes, on peut déduire quelques règles particulières pour la distribution des silences.

La place des silences est donc déterminée par les ellipses et les repos de la pensée.


287.Règles particulières pour la distribution des silences.

1. Il faut d’abord indiquer par des pauses plus ou moins prolongées tous les signes de ponctuation.

Ces signes marquent précisément ce que nous cherchons : les ellipses et les repos de la pensée. Ce sont autant d’indica-