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LA LIAISON DES MOTS

régime d’un verbe à l’impératif). — Ex. : orage affreux (orag’affreux), honnête homme (honnêt’homme).

Ce sont là les seules élisions possibles en français.

272. — La liaison de deux mots, dont le premier finit par une consonne et dont le second commence par une voyelle, se fait en prononçant ces deux mots comme s’ils n’en formaient qu’un seul. — Ex. : bel homme (bel’homme), fait exprès (fait t’exprès).

Le dernier élément du premier mot et le premier élément du mot suivant se trouvent juxtaposés ; mais le lien qui les unit, la consonne qui fait la liaison, appartient à la dernière syllabe du premier mot et non à la première syllabe du second. C’est une nuance encore assez sensible, et qu’on pourrait noter, en disant que ciel en feu ne se prononce pas : ciè len feu, mais bien : ciel’ en feu. Cela se fait sentir surtout dans la liaison des mots à consonne finale sonore. Quand la consonne finale est muette, elle paraît davantage appartenir au mot suivant ; ex. : les amis (les z’amis). — Dans tous les cas, la consonne de liaison doit être adoucie, car elle n’est qu’un procédé euphonique, et il ne faut pas exagérer son importance dans la prononciation.

273. — Il ne peut y avoir liaison qu’entre les mots qui ne sont pas séparés par un silence.

Les endroits où le lecteur doit prendre des temps, et où par conséquent les liaisons sont interdites, sont fixés par le sens. C’est une question d’analyse et d’interprétation. — Cependant, dans un grand nombre de cas, il n’y a pas de repos, et la liaison n’a pas lieu. C’est alors plutôt une question d’euphonie. — Après avoir énoncé quelques règles générales, nous indiquerons dans quels cas particuliers et avec quels sons se fait la liaison au moyen des différentes consonnes.

274. — La liaison naturelle est la liaison d’un mot terminé par une consonne sonore, qui s’appuie sur la voyelle initiale du mot suivant. — Ex. : mer’ en fureur et ciel’ en feu.