rompue sous l’effort de ton bras ? est-il gerbe de blé ou botte de foin que je n’aie pu enlever sans fléchir ? sur quelle tasserie, si haute fût-elle, ai-je failli à déposer mon fardeau ?… Et quelles charges, grosses corne des maisons, nous mettions dans la grand’charrette ! On ne pesait pas alors le foin comme aujourd’hui ; le monde était honnête et l’on se fiait à la parole d’un habitant. Tu disais : « Mes enfants, il faut mettre, bonne mesure », et quiconque achetait de nous un voyage de foin en avait toujours plus que son compte. Aussi, c’est droite et fière, plantée sur la change, que je revenais du champ. Et pour retourner le foin au soleil y a-t-il aujourd’hui fourchons d’acier meilleur que les miens ? J’étais légère, et ta femme me maniait tout aussi bien qu’un homme… Elle aussi a pris de l’âge, la Mélanie ; mais, alors, c’était un beau brin de femme, et, pour
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