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chez nous

— Laissez les roses au rosier, disait-il. Le bon Dieu a fait la terre pour que la terre le loue, et il Ta parée pour que la louange soit belle. Une fleur, c’est de la terre qui prie, et dans l’air les parfums montent comme un encens. Laissez, enfants, laissez à la terre sa parure et sa prière. Une fleur n’est jamais si belle que sur sa tige. Voyez, quand on l’a cueillie, comme elle se fane et va mourir. Un bouquet fané, c’est vilain ! Mais, sur sa tige, la fleur garde sa beauté jusque dans la mort ; jusque dans la mort elle garde son arôme. Ses pétales tombent un à un ; elle s’en dépouille sitôt qu’ils se flétrissent ; puis les feuilles vertes cachent le calice dégarni, et voici, tout à côté, un autre bouton s’ouvrir !… Laissez, mes petits-enfants, laissez les roses au rosier.

— Il faudrait avertir grand’mère, disions-nous. Chaque samedi, grand’mère en cueille