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chez nous

s’ouvrait comme pour mordre ; des quatre-saisons, dont la floraison persistante se nuançait, tour à tour pourpre, bleue, blanche et rouge ; des vieux-garçons aux corolles allongées ; des queues-de-rats aux épis odorants ; des pivoines aux têtes lourdes ; des pavots, beaucoup de pavots ; du réséda, qui sentait bon ; et des pensées de toutes les couleurs. C’était tout ; mais il y en avait assez pour donner un air de fête aux carrés de légumes.

Telle, en effet, paraissait être la mission des fleurs : elles étaient là pour donner un air de fête aux carrés de légumes. On ne les voyait pas, en bouquets, entrer dans la maison, orner la table ou la cheminée. Elles s’ouvraient, s’épanouissaient, se fanaient dans le jardin ; les pétales jonchaient l’allée.

Le soir, en attendant, pour arroser les fleurs, que le soleil fût assez bas, le grand-père parlait à ses petits-enfants :