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chez nous

En effet, le citadin, qui avait peu voyagé dans nos campagnes et ne connaissait pas cette belle coutume, admirait le paysage et n’avait pas aperçu l’humble calvaire, ou n’avait pas pensé à lever son chapeau.

« Voilà qui est curieux, se dit mon oncle. Il n’a pourtant pas l’air d’un hérétique : il est allé à la messe, il a dîné au presbytère. Et il n’a pas salué la Croix !… Je n’aurais jamais cru ça d’un chrétien qui se respecte. Ah ! ces gens de la ville !… »

Apparemment soulagé de n’avoir plus à subir l’interrogatoire de l’oncle Jean, le voyageur jouissait de la promenade, examinait les fermes, les champs, les bois, sans se douter du trouble qu’il venait de jeter dans l’âme de l’oncle Jean.

Celui-ci pensait encore : « Faut pourtant pas juger trop vite. Je me suis peut-être