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chez nous

Dans la grange, du foin était répandu sur le pavé de la batterie… Anselme se prit à chercher dans les coins : mais il n’y avait ni râteau, ni fourche pour ramasser ces brindilles éparses.

Du pont de la grange, on avait vue sur les champs, jusqu’au bois qui fermait l’horizon. C’était le printemps ; les semailles étaient faites, et l’acheteur devait en avoir le bénéfice ; il n’y avait qu’un morceau qui n’était pas encore labouré. Mais, sur la ferme, pas une charrue, pas une herse ; pour la récolte, pas une faux ; pour la moisson, pas un javelier !

Eh ! bien, quoi ? c’était juste : on allait vivre au village, on n’avait plus besoin de ces outils-là. Dans un mois, la terre aussi et les bâtiments seraient à un autre…

Il semble à Anselme que, ce matin, il voit ses champs et ses prés pour la première fois.