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chez nous

C’est, le plus souvent, un petit vieux, courbé plus encore par la marche et les fardeaux que par l’âge, couvert de haillons, coiffé d’un chapeau de castor râpé. Un panier à anse au bras, à la main un bâton tordu — « Rapport aux chiens, mon bon monsieur, rapport aux chiens seulement, car, Bon Dieu merci ! la jambe est bonne » — et sur le dos un gros sac ajusté aux épaules avec des courroies, il va par le chemin du roi, toujours à pied, et du même pas, dans la poussière ou sous l’averse.

Chaque année, la belle saison le ramène. Car on ne le voit qu’une fois l’an. Et son itinéraire est tracé tellement que c’est presque à jour fixe qu’il frappe à telle porte dans le premier rang, à telle autre dans le deuxième… Les rangs, dans les paroisses du sud, sont généralement parallèles au fleuve. Le vieux prend le premier, par exemple, à