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chez nous

des drames douloureux purent seuls amener le dénouement du départ, et que de loin ceux-là te restent fidèles, rêvent encore de toi, t’aiment d’un amour plus fort que l’exil ? Chéris-les toujours, ô Terre, sous quelques cieux qu’ils peinent ; ils sont encore tes fils ; ils font vivre à l’étranger l’âme de la patrie ; ils continuent là-bas l’œuvre que tu appris à leur enfance.

Espère-les, aussi, bonne Terre ! Si l’exil, un jour, leur est dur, et si la Providence veut qu’ils te reviennent, accueille-les, clémente et douce. Pour fêter leur retour, mets des fleurs plus fraîches au bord de tes routes, baigne tes champs dans une lumière plus chaude, fais-toi plus verdoyante et plus belle. Puis, ouvre-toi, facile, aux socs de leur charrues ; reçois, mère féconde, la semence que leurs mains meurtries viendront épandre sur tes sillons ; et, joyeuse, germe encore,