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Autrefois, la maison condamnée avait été vivante et joyeuse ; joyeuse du rire des enfants nombreux et de la gaîté chantante des grands-pères, vivante du travail qui sanctifie les jours et fait les âmes fortes. Pendant un siècle et plus, les fils avaient succédé aux pères et possédé ce bien au soleil, et toujours la terre avait nourri les familles. Pendant un siècle et plus, les ancêtres les uns après les autres étaient nés, avaient vécu, étaient morts dans la maison aujourd’hui fermée ; et chacun, quand il était parti pour le grand voyage, avait laissé l’adieu de son regard s’en aller, par la fenêtre ouverte, vers le même champ et vers le même bouquet d’arbres.

Mais, un jour, le bien échut en partage à un fils en qui l’âme des aïeux ne devait point revivre. Celui-ci, chercheur d’une tâche moins rude, refusa à la terre le travail de ses mains et la sueur de son front. La terre se