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chez nous

Napoléon battait les Anglais à plates coutures. Le plus souvent, c’était l’Histoire Sainte que Gédéon nous contait. Le récit du déluge, en particulier, était une merveille. Nous voyions se construire l’arche, une espèce de chaland avec une grange dessus, et dans laquelle il y avait, d’un bout à l’autre, des parés et des barrures, comme dans une écurie ; puis, le grand-père Noé, de sa bonne fourche, emplissait le fenil de foin, de beaucoup de foin à cause des éléphants qui mangeaient une botte par bouchée ; ensuite, les animaux entraient, deux par deux, dans l’arche toute prête, et leur énumération était interminable. À la fin, la pluie se mettait à tomber, et Gédéon, qui avait vu l’inondation de la grande digue, devenait éloquent… Quand l’eau était rendue par-dessus les clochers d’églises, nous nous regardions épouvantés ; j’en oubliais de mener la jument —