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CHEZ NOUS

un exilé, un voyageur en cherche d’idéal ; un être à part, dont le cœur se hausse et plane « où la raison boiteuse n’atteint pas ».

Il est

… celui qui vient on ne sait d’où,
Et qui n’a pas de but, le poète, le fou…

On naît poète, avec une sensibilité extrême, avec une imagination brûlante, avec au cœur une blessure qui saigne et ne veut pas se fermer. C’est le poète brut. Mais, pour qu’une âme de poète transparaisse, et resplendisse, et jette ses éclairs, il la faut former comme un diamant qu’on taille et qu’on polit. Plus encore, le poète doit faire l’apprentissage du verbe ; pour dire son rêve, pour faire passer son idéal dans un chant, il lui faut l’harmonie, la cadence, et le rythme, l’heureuse combinaison des sonorités, la judicieuse distribution des mots, et le jeu fécond des coupes intérieures ; il lui faut

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