Page:Rivard - Chez nous, 1914.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

UN POÈTE ILLETTRÉ




Le poète n’est-il pas en quelque sorte un déséquilibré ?

Il y a chez lui quelque chose d’anormal. Ses facultés ne sont pas dans un juste rapport, ou mieux, dans un rapport qui paraisse juste aux gens de sens rassis. Quelqu’une prédomine, développée aux dépens des autres, et l’équilibre intellectuel et moral en est rompu. Aussi, le poète passe-t-il dans la vie comme en un songe. Il est parmi les autres hommes ainsi qu’un étranger : les autres regardent, il contemple ; les autres pensent, il rêve ; les autres parlent, il chante. C’est une sorte de malade, et qui souffre délicieusement ;

107