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LA MAISON CONDAMNÉE

cieux qu’ils peinent ; ils sont encore tes fils ; ils font vivre à l’étranger l’âme de la patrie ; ils continuent là-bas l’œuvre que tu appris à leur enfance.

Espère-les, aussi, bonne Terre ! Si l’exil, un jour, leur est dur, et si la Providence veut qu’ils te reviennent, accueille-les, clémente et douce. Pour fêter leur retour, mets des fleurs plus fraîches au bord de tes routes, baigne tes prés dans une lumière plus chaude, fais-toi plus verdoyante et plus belle. Puis, ouvre-toi, facile, aux socs de leurs charrues ; reçois, mère féconde, la semence que leurs mains meurtries viendront épandre sur tes sillons ; et, joyeuse, germe encore, pour tes fils revenus, des blés lourds et hauts sur paille ; couvre tes prés d’herbe grasse ; emplis tes bois de rumeurs favorables ; et par toutes les fenêtres de la maison rouverte, fais entrer l’odeur, la bonne odeur de tes foins coupés !…



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