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LA MAISON CONDAMNÉE

qui soufflait, venir de la maison morte des cris longs comme des plaintes ? Plusieurs l’affirmaient.

L’un de nous avait un jour proposé d’écarter les planches d’une fenêtre et de regarder en dedans. Mais nul n’avait osé. Il se passait peut-être, sous ce toit, des choses terribles ; derrière les fenêtres closes, des ombres sans doute remuaient ; et quelle terreur, si, l’œil à la vitre, nous avions aperçu, dans une chambre tendue de noir, un cercueil, un mort, et des cierges autour !… Le soir, nous passions de l’autre côté du chemin et détournions la tête, de peur de voir quelque chose.

La maison était-elle donc hantée, comme la faisaient nos imaginations d’enfants ? Non, mais de vieux souvenirs glissaient le long de ses murs, et des âmes anciennes pleuraient lamentablement au fond de ses chambres vides.

Autrefois, la maison condamnée avait été vivante et joyeuse ; joyeuse du rire des

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