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EN GRAND’CHARRETTE

bout de la fourche les plus grosses veilloches sans rien laisser sur le champ, allait à pied, ouvrant et fermant les barrières. Notre place, à nous autres, était entre les fausses barres d’avant, avec Gédéon.

Car il y a plusieurs manières de voyager en grand’charrette, et chacune a ses charmes.

À l’arrière, on a l’avantage d’être tout près de terre, et les herbes hautes, en passant, vous chatouillent les jambes. Si le cœur vous en dit, vous pouvez sans peine débarquer soudain, cueillir une framboise le long de la clôture, puis rejoindre en courant la voiture qui s’en va, et d’un bond remonter à votre place. C’est fort agréable. Mais, si la Grise se met à trotter — ce que d’ailleurs elle ne fait jamais de son plein gré, car la vieille jument, qui est la plus sage des bêtes, sait bien qu’une charrette à foin n’est pas une voiture de course — si la Grise se met à trotter, ceux qui sont à l’échelette d’arrière

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