Page:Rivard - Chez nous, 1914.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHEZ NOUS

une longue file de bêtes lourdes et lentes, qui s’en allaient vers le village. Derrière les vaches, après avoir soigneusement mis l’amblette sur la barrière, et, harts en main, nous poussions en avant les plus paresseuses.

Avouerai-je que, même au retour, en passant près du petit bois, nous ne résistions pas au désir de cueillir encore une jointée de fraises ? Les bonnes vaches s’arrêtaient, rêveuses, avec l’air de dire : « Ah ! si nous pouvions, nous aussi, sauter la clôture ! » Puis elles se mettaient à brouter l’herbe qui pousse sur l’aubel du chemin.

À la maison, on commençait à s’impatienter :

— « Les petits sorciers ! je gage qu’ils ont encore pris par le bois de bouleaux. Ils s’amusent à manger des fraises, au lieu de ramener les vaches ! »…

Tout à coup, ding’! dang’! ding’! dang’!… C’était la Rousse. On ouvrait la barrière à

42