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LE BER

Un printemps — c’était l’année de la grande digue — les eaux débordées envahirent le carré de la maison ; on échappa comme on put, par la fenêtre du pignon, en canot ; et le pauvre ber flotta dans la débâcle des jours et des nuits.

Et que de blessures, dont je ne sais pas l’histoire !

Mais, façonné pour les chocs d’ici-bas, le vieux ber est toujours solide et bien berçant.

Quand il n’est pas de service, il loge sur les entraits du grenier. À chaque naissance, on le descend. Mais si dru se succèdent les têtes blondes, que d’une année à l’autre il ne trouve guère le temps de remonter là-haut. Ses bons offices sont constamment requis, et c’est grande joie d’ouïr dans la maison le

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