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LE ROSIER MORT

ment, après une existence la plus lamentable du monde.

Sous votre œil vigilant, pendant quelques semaines, il grandit tant qu’il put, se cramponnant à la vie avec des efforts incroyables, poussant maigrement des feuilles aussitôt fanées, fouillant le sol de ses petits pieds désespérés… Jamais on n’avait vu tant de courage chez une tige si faible.

Autour de lui, éclatantes et parfumées, se balançaient les fleurs. Lui, au ras du sol, malingre et chétif, sans fleurir, sans embaumer, luttait, luttait toujours, dérobant aux feuilles voisines tantôt une goutte d’eau, tantôt un rayon de soleil. Mais il était condamné. Bientôt, il se mit à dépérir ; fibre par fibre, la mort s’empara de ce petit être, qui ne demandait qu’à vivre ; il pencha d’abord tristement la tête, puis sa tige se raidit, desséchée…

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