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CHEZ NOUS

fermé la petite statue de la Vierge, maintenant toute fruste, et qui ne le quittait point.

Aussi la goélette avait-elle traversé tous les écueils, résisté à toutes les tourmentes, bravé tous les grains. Avec un soin jaloux, avec amour, le marin l’avait gardée toujours en état et bien gréée. De la carlingue à la pomme du grand mat et de l’étrave à l’étambot, elle était encore vaillante, malgré la fatigue des bordages, l’usure des ralingues, le rapiécetage des voiles.

Mais le Capitaine, brisé par le grand âge, avait dû abandonner son dur métier. Il vivait chez sa fille, au village. Et la goélette restait embossée le long du quai vermoulu qui, derrière l’église, s’avance dans le fleuve.

Tous les jours que le bon Dieu amenait, le vieux allait la voir ; il éprouvait les manœuvres, s’assurait que les organeaux étaient solides, les haubans bien tendus, les voiles bien carguées, les apparaux en place ; puis,

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