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CHEZ NOUS

peuple qui ne connaît pas les souffles du grand large, mais qui vit de la mer tout de même, et, sur les quais, peine et s’efforce tout le jour, parfois toute la nuit, dans la fumée, la poussière de charbon, les odeurs malsaines, parce qu’à la maison la femme et les petits ont besoin, et qu’il n’y a guère de gagne ?… Et connaissez-vous l’industrie, à la fois humble et alléchante, des « écumeurs de tonnes » ?

Chaque été, des navires, venus de la Barbade, à ce qu’on dit, déchargent sur nos quais leurs cargaisons de grosses tonnes, pleines d’un sirop épais et noirâtre, dernier résidu de la cristallisation du sucre. On range ces tonnes, côte à côte, par files. Or, la mélasse, agitée durant le voyage, s’échauffe, fermente, filtre au travers des douves mal jointes, s’échappe par les bondes mal fermées, et coule en écume jaunâtre sur les tonnes alignées.

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