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UN POÈTE ILLETTRÉ

qui lui viennent on ne sait comment, ici et là un vers bien frappé qui le surprend lui-même et qu’il ne reconnaît plus sitôt qu’il l’a fait, de la rime, de la césure même, voilà la poésie de Pierre-Paul. Une fois l’orthographe rétablie, le croirait-on ? eh bien ! ça ne fait pas toujours mauvaise figure.

Lisez ces vers sur le Saguenay :

Par un étrange effort trouant les Laurentides,
Le sombre Saguenay roule ses flots limpides
Dans un cadre imposant de rochers escarpés,
De caps majestueux, en tableaux[1] découpés.
Sur la cime des monts, des sapins rachitiques
Semblent de noirs lutins aux gestes fantastiques,
Et les grands vents d’hiver, à travers les rameaux,
Font entendre la nuit, de lugubres sanglots.
Ce fleuve est d’un aspect majestueux et sombre.
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Lisez encore le salut du poète à Charlesbourg, « berceau de son enfance » :

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  1. Tableau : pan de rocher, falaise à pic et unie.