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CHEZ NOS GENS

Cela n’est pas long ; pour si peu, c’est du perron de l’église que se fait d’ordinaire la criée.

Mais, le Jour des Morts, la besogne du crieur n’est pas si courte, et il monte à la tribune publique, au bout de la place :

— Par ici, tout le monde. ! C’est la criée pour les âmes !

Nos paysans, après un deuil, ne donnent peut-être pas de leur chagrin toutes les marques extérieures que feraient paraître des âmes moins cachées ; ils ne font pas montre de leur affliction, ils ne disent pas à tout venant leur peine. Aussi, à ceux qui ne les ont pas beaucoup pratiqués, leur douleur a-t-elle pu sembler un peu courte… Pour n’être pas étalés, les regrets sont-ils moins profonds et moins durables ?