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CHEZ NOS GENS

haut du jour, ses vieilles pierres éclataient de blancheur ; et le soir, ses ruines prenaient dans l’ombre des formes changeantes et mystérieuses.

Ma rivière était pure. Rien ne souillait son onde jeune et fraîche. Des champs traversés, elle n’apportait rien que d’honnête : un brin de foin, une feuille, une fleur descendait parfois le courant, mais sur son lit de cailloux comme sur le sable de sa grève, nulle ordure : on y buvait sans crainte, au creux de la main, une eau saine et bienfaisante.

Ma rivière était douce, loyale, et de bon conseil. Quand une peine passagère mettait de grosses larmes dans nos yeux, c’est auprès d’elle que nous cherchions un refuge : secrètement, elle nous consolait ; à son murmure familier, les petits cœurs pleins de sanglots se calmaient, tandis que d’une caresse toujours neuve le flot baignait nos pieds nus. Sans