Page:Rivard - Chez nos gens, 1918.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
CHEZ NOS GENS

roses ne passait pas alors aussi vite qu’aujourd’hui ; des gueules-de-lions… on serrait entre ses doigts la base du calice, et la fleur s’ouvrait comme pour mordre ; des quatre-saisons, dont la floraison persistante se nuançait, tour à tour pourpre, bleue, blanche et rouge ; des vieux-garçons aux corolles allongées ; des queues-de-rats aux épis odorants ; des pivoines aux têtes lourdes ; des pavots, beaucoup de pavots ; du réséda, qui sentait bon ; et des pensées de toutes les couleurs. C’était tout ; mais il y en avait assez pour donner un air de fête aux carrés de légumes.

Telle, en effet, paraissait être la mission des fleurs : elles étaient là pour donner un air de fête aux carrés de légumes. On ne les voyait pas, en bouquets, entrer dans la maison, orner la table ou la cheminée. Elles s’ouvraient, s’épanouissaient, se fanaient dans le jardin ; les pétales jonchaient l’allée.