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CHEZ NOS GENS

c’était une rude besogne ; mais, grâce à Dieu ! on était bâti pour !… Tandis qu’aujourd’hui… hélas !

La braye raconte ses travaux d’autrefois. Elle dit d’abord comment le lin était arraché, couché en javelles sur le sillon, engerbé, battu au flau, et comment on laissait ensuite les tiges rouir au soleil et à la rosée des nuits. Puis, elle décrit la brayerie, à la lisière du bois, le brasier au feu doux allumé dans la fosse, l’échafaud où séchait le lin étendu, et, disposées en demi-cercle, les brayes des brayeurs en corvée. Et, clic ! clac ! les brayons s’abattaient, le bois du lin se détachait des filets, le brayeur émouchait sa poignée, la battait de l’écorchoir, la passait au peignoir, la tressait… Et vous aviez d’un côté les cordons de filasse, de l’autre côté l’étoupe, et sur la terre la couche épaisse des aigrettes… La