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CHEZ NOS GENS

sement les pailles, les remâche et les crache… Notre besogne était meilleure, et plus saine, et plus joyeuse. On étendait les gerbes déliées sur la batterie. Puis, les bras robustes levaient les fléaux ; les battes tournoyaient au-dessus des têtes, et, pan ! pan ! pan ! tombaient et retombaient en cadence sur les épis. Pan ! pan ! pan ! Les pailles perdaient leur fardeau. Pan ! pan ! pan ! Les grains bondissaient sur l’aire. Pan ! pan ! pan ! La sueur perlait aux fronts, mais, dans une rotation qui n’avait pas de cesse, les battes se relevaient, tournoyaient, retombaient sur les épis blonds. D’une battée, on emplissait un sac ; une airée n’attendait pas l’autre ; et, tout le jour, pan ! pan ! pan ! des chansons montaient dans l’air… Vieux batteur au flau, t’en souviens-tu ? »