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zée de l’Amour de Dieu ; & la flamme qui luy ſort du cœur eſt vn portrait de celle que Iesvs-Christ s’en vint porter ſur la terre.

Il tient la main gauche ſur ſa poitrine, le bras droit eſtendu, & la veuë au Ciel, pour nous apprendre que noſtre cœur, nos yeux, & nos œuures, ne doiuent auoir pour objet que Dieu ſeulement.

Cela nous eſt auſſi denoté par le Cerf, qui ſe deſaltere dans Pſal. 41 vn ruiſſeau ; ce qui eſt vne penſée priſe de Dauid, pour nous faire entendre qu’vn deſir tel que le ſien, & tel que le doit auoir vne ame pure, reſſemble à celuy du Cerf qu’on a couru toute la iournée, qui ne cherche qu’à ſe delaſſer, en eſteignant l’ardeur de ſa ſoif dans vne claire fontaine.


Dialectique. XXXVIII.


ELle eſt figurée par vn ieune Soldat, qui ſe tient ferme ſur ſes pieds. Il a pour habillement de teſte vn Heaume auecque deux Plumes, l’vne blanche, & l’autre noire ; Et pour Cimier vne Lune : De la main droite il ſerre par le milieu deux dards eſgaux, & qui ſont pointus par les deux bouts ; & ferme le poing du bras gauche, qu’il ſemble preſenter a quelqu’vn.

Par ſon Heaume, qui ſe prend pour la vigueur de l’eſprit, il eſt monſtré qu’elle eſt particulierement requiſe en la Dialectique : Et par les deux Plumes, que le vent ne les eſbranle pas auecque plus de facilité qu’en a cét Art à ſouſtenir le vray & le faux par des raiſons vray-ſemblables : Ce que ſignifie encore la Lune miſe pour Cimier ; à raiſon dequoy Clitomachus ſouloit comparer la Dialectique à cét Aſtre, pour le diuerſité de ſes formes.

L’on en peut dire autant du dard à deux pointes, qu’on luy attribuë auecque raiſon, pource qu’elle picque des deux coſtez, par la force de ſes argumens, qu’elle ſe plaiſt à racourſir & ſerrer ; Ce que le philoſophe Zenon n’exprimoit pas mal par la figure du poing, ou de la main eſtroitement fermée.