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Arithmetiqve.


CE Tableau ne la repreſente pas mal par vne Femme d’excellente beauté, agreablement veſtuë d’vne Robe ſemée de Notes de Muſique, au milieu de laquelle ſont eſcrits ces deux mots, Par & Impar ; outre que de la main droite elle tient vn Liure ouuert, dont elle conſidere les Nombres.

Elle eſt peinte belle, pour s’accõmoder à l’opiniõ de quelques anciens Philosophes, & particulierement des Pythagoriciens, qui ont creu que toutes les choſes d’icy bas ſe compoſoient de la beauté & de la perfection des Nombres. Pour le regard de ſa Robe & des Notes qui s’y voyent deſſus ; cela ſignifie que ce bel Art donne commencement aux Mathematiques, d’autant que c’eſt luy qui ouure vn chemin, à la Muſique, à la Geometrie, & à toutes les autres diſciplines ſemblables ; Ce que denotent encore en quelque façon les deux mots Par & Impar, pour eſtre eſſentiel aux Nombres, & d’où ſe compoſent toutes les demonſtrations. A quoy i’adiouſte pour concluſion, que par le Liure ouuert & ſemé de Chiffres qu’elle tient entre ſes mains, eſt declarée la force des Nombres ; D’où vient que Procus ſur le Thimée de Platon dit à ce propos, que les Pithagoriciens en ont rapporté pour fondemens quatre raiſons principales, dont la premiere eſt dite Vocale, qui ſe trouue dans la Muſique & dans les Vers des Poëtes ; La ſeconde Naturelle, en la compoſition des choſes du monde ; La troiſieſme Raiſonnable, en l’Ame & en ſes parties ; & la quatrieſme Diuine, en Dieu & aux Anges : ce qui doit ſuffire ſur cette matiere, que ie n’eſtendray point plus auant, pour ne me rendre ennuyeux, & poſſible obſcur.