Page:Ripa - Iconologie - 1643.pdf/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

figurée par vne Femme de grande beauté, pource qu’en effect on appelle beau tout ce à quoy on ne peut adiouſter ny diminuer pour le rendre plus accomply qu’il eſt.

Sa nudité ſignifie que toutes les parties du corps doiuẽt auoir de la correſpondance à l’eſtre de ſon egalité, de ſon ordre & de ſa proportion. Par l’Eſcharpe de couleur bleuë, toute ſemée d’Eſtoilles, eſt repréſenté le Ciel, dans le mouuement duquel, ſuiuant l’opinion de la pluſpart des Philoſophes, ſe rencontre vne certaine proportion qu’ils appellẽt Harmonique. Ce qu’ils preuuent manifeſtement par l’exemple du Soleil & de la Lune, dont l’vn fait la diſtinction du Iour et de la Nuict auec vne merueilleuſe Symmetrie, & l’autre de meſme, bien que changeante, ne laiſſe pas d’eſtre parfaitement reglée en ſon cours, & dans les diuers effets qu’elle produit.

En ſuite de ces choſes il faut remarquer qu’elle ne tient pas ſans raiſon vne Regle & vn Cõpas, dont elle ſe ſert à prendre les proportions & les meſures d’vne statuë de Venus. Car il eſt monſtré par là, comme i’ay dit cy deuant, que d’vne iuſte Symmetrie ſe forme neceſſairement vne parfaite Beauté, qui par deſſus toutes choſes ſe fait remarquer au corps humain, où elle eſclate auec rauiſſement, & au delà de toute merueille. Ce qui fait dire à Marſille Fiſcin, qu’elle merite qu’on en faſſe cas, comme d’vn portrait de la Beauté diuine.