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VI.


LA Miſericorde, qui ſe rend ſenſible aux afflictions d’autruy, eſt icy repreſentée par vne Femme charitable, & qui partage à deux petits Enfans vn pain qu’elle vient de rompre : Ce qui nous apprend qu’entre tant d’effects que produit cette Vertu, elle ſe propoſe pour but principal de donner à manger & à boire à ceux qui en ont beſoin ; choſe que Dieu nous recommande à tout moment ; & qui eſt capable elle ſeule d’appaiſer ſon couroux, comme le remarque S. Hieroſme.


VII.


CEll à qui vous voyez icy tenir d’vne main vn Rameau d’Oliuier, & fouler aux pieds des Arcs, des Boucliers, & des Eſpées, ne ſe peut mieux prendre que pour la Paix, qui n’eſt iamais ſi recommandable que lorsqu’on ſe l’acquiert par ſon merite, & par ſa propre Vertu. Pour en joüir veritablement, il ne faut pas tant faire la guerre aux Ennemis du Corps qu’à ceux de l’Ame, qui ſont les Paſſions & les Vices ; Car ceux qui en vſent ainſi, ſont mis au nombre des Enfans de Dieu, & faits participans de la Beatitude eternelle.


VIII.


L’Estat deplorable de cette Femme, qui tient vne Croix à la main, & qui voit tuez à ſes pieds ſes propres Enfans, nous eſt vn exemple des plus ſenſibles afflictions de cette vie. La Croix eſt le ſymbole des perſecutions que l’on ſouffre pour la Religion, ce qui eſt la plus noble partie de la Iuſtice. A quoy nous encourage l’Apoſtre, quand il dit, Que ſi nous auons part aux ſouffrances, nous l’aurons außi aux conſolations.