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la main droite luy font tenir vne Foudre, qu’il ſemble vouloir darder auec vne extreme violence.

Par ſon age tendre, & par ſa beauté, nous apprenons que les Amans, quand ils ſont ieunes & beaux, ont de tres-grands aduantages pour conquerir leurs Maiſtreſſes. Car bien qu’il aduienne, comme i’ay deſia dit, qu’en leur preſence ils ne peuuent quelquefois ouurir la bouche, tant ils ſont preoccupez de paſſion ; leur ſilence neantmoins ſe rencontrant auecque la bonne mine ; & l’agreement qui leur eſt naturel, ne laiſſent pas d’eſtre en eux vne eſpece de Rhetorique muette, par le moyen de laquelle ils ne perſuadent pas moins bien que par les ornemens du langage.

Quant à la Couronne d’Iris, elle n’eſt pas donnée à l’Amour ſans vne grande raiſon, cette Plante, comme le remarque Lib. 60. Pierius, eſtant le vray ſymbole de ce que l’Eloquence a de plus aimable. De là vient auſſi que le Prince des Poëtes Grecs, pour dire que les Ambaſſadeurs des Troyens eſtoient tres-eloquens, ſe ſert de cette façon de parler, qu’ils ont mangé de l’Iris, comme s’il vouloit monſtrer par là que leur maniere de s’exprimer eſt elegante & fleurie.

La Foudre qu’il porte eſt pareillement vn Hierogliphe de ſon pouuoir, puis qu’il ſemble l’auoir arrachée à Iupiter meſme ; afin de ſe rendre redoutable non ſeulement aux Mortels, mais encore aux Puiſſances celeſtes.