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Mavvaise fortvne.


ELle paroiſt icy ſous la figure d’vne Femme, expoſée dans vn nauire qui n’a ny mats ny tymon, & dont les voiles ont eſté toutes rompuës par la violence des vents.

Par le Nauire ſe doit entendre la vie humaine, durant laquelle il n’eſt point d’homme qui ne taſche d’aborder à quelque port aſſeuré.

La voile & le mats rompus, ſont les Symboles du peu de repos qu’il y a dans le monde, où les hommes ſont touſiours battus de quelque orage, qui n’arriue le plus ſouuent que par la mauuaiſe conduite.


Fortvne d’or.


ELle ſe void dans vne ancienne Medaille de l’Empereur Adrian, repreſentant vne belle Femme, auec des aiſles au dos, & couchée tout de ſon long, auec vn tymon à ſes pieds.

Par cette Fortune ſe doit entendre celle dont il eſt fait mention dans l’Hiſtoire de quelques Empereurs, qui en auoient ordinairement l’image dans leur chambre durant le cours de leur vie & de leur Empire.

A ces Figures de la Fortune, l’on en peut adjouſter encore deux autres.

La premier eſt celle de la Fortune Pacifique, tirée d’vne Medaille d’Anthonin le Debonnaire, repreſentant vne belle Femme debout, qui de la main droite s’appuye ſur vn tymon, & tient de la gauche vne Corne d’Abondance, auec ces mots Fortvna obseqven. et S. C. Cette Medaille fut frappée à Rome ſous le quatrieſme Conſulat d’Anthonin, & à ſon honneur, ſes ſauorables ſuccez eſtant demonſtrez par les lettres d’alentour, qui ſignifoient que la Fortune auoit eſté non ſeulement fauorable, mais obeïſſante à ce Prince.

La ſeconde Figure reſſemble à peu prés à la premiere, veu qu’elle eſt d’vne Femme qui s’appuye de meſme ſur vn tymon, & qui tient vne branche de Laurier ; pour nous apprendre qu’elle donne les Triomphes & les Victoires à qui elle veut.