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certain & prefix. Eſtant vray-ſemblable, comme dit Galien, que l’Aage ne ſe meſure point par les années, mais par le temperament.


L’aage d’or.


IL eſt repreſenté par vne belle Fille, couronnée d’vne guirlande de fleurs, veſtuë d’vn ſimple habillement, & qui tient de la main gauche vne ruche de mouſches à miel, & de la droite vn rameau d’oliuier.

Par ſa guirlande & ſon habillement ſimple, eſt denotée la pureté de ce temps-là, où toutes choſes eſtoient ſans artifice.

Par la ruche de mouſches à miel, la vie douce que menoient alors les creatures viuantes, & par l’oliuier, la merueilleuſe tranquillité qui regnoit au monde ; d’où les ſeditions & les guerres eſtoient tout à fait bannies. Car, comme le remarque apres les Anciens le plus poly de nos Poëtes, M. de Malherbe.

La terre en tous endroits produiſoit toutes choſes,
Tous metaux eſtoient Or, toutes fleurs eſtoient Roſes,
         Tous arbres Oliuiers :
L’on n’auoit plus d’Hyuer, le iour n’auoit plus d’ombre,
         Et les Perles ſans nombre
Germoient deſſous les Eaux au milieu des grauiers.


L’aage d’argent.


SA peinture eſt celle d’vne Fille qui n’eſt pas du tout ſi belle que la precedente, mais dont l’habillement ſupplée au deffaut de ſa beauté. Car elle eſt veſtuë d’vne robbe de gaſe d’argent, coiffée à l’aduantage, & parée de pierreries & de perles. Outre que de la main droite elle s’appuye ſur vn ſoc de charruë, & que de la gauche elle porte vne gerbe ou vn faiſſeau d’eſpics jauniſſans.

On la peint moins belle que celle qui repreſente l’Aage d’or, & parée de la façon que nous venons de dire, pour marquer la difference de l’vn & de l’autre de ces Aages.

Quant aux eſpics & au ſoc de charruë, ils ſignifient qu’au