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Or bien qu’il ſoit fait mention de pluſieurs Vents par les Autheurs qui en ont eſcrit, ſi eſt-ce qu’il y en a quatre principaux dont nous auons à parler, qui ſoufflent des quatre parties du Monde, & que le Poëte Ouide a particulierement deſcrits dans ſes Metamorphoſes.


Le vent d’Orient.


LE premier des Vents est celuy de l’Orient, repreſenté par vn jeune More, qui a des Aiſles au dos, vn Soleil leuant derriere luy, des Nuages ſous ſes pieds, & aux mains diuerſes Fleurs qu’il va ſemant en tous les lieux par où il paſſe.

Il eſt peint de couleur noire, à raiſon de ſa reſſemblance auec les Ethiopiens, qui ſont en Leuant d’où il vient. Et c’eſt ainſi que les Anciens nous l’ont figuré.

Ses Aiſles ſont le Symbole de ſa legereté ; ce qui ſuffira pour ſeruir d’explication à tous les autres à qui l’on en donne.

Quant au Soleil qui ſe voit derriere luy, il eſt mis icy pour vn pronoſtic du temps auquel ce Vent doit ſouffler ; comme Georg. I le remarque Virgile quand il dit,

Que le Vent d’Orient nous preſage la pluye.


Le vent d’Occident.


IL a des Aiſles au dos comme tous les autres, & meſme à ſes pieds, pour vne marque de ſon extreme viſteſſe.

Quelques-vns le peignent auſſi en action de produire des Fleurs par la force de ſon haleine ; & meſme ils luy en donnent vne guirlande, comme l’obſerue Philoſtrate en ſes plattes Peintures, où il dit que lorsque ce Vent vient à ſe leuer les Cygnes en chantent plus doucement.

A quoy j’adjouſte que Boccace, dans ſa Genealogie des Lib. 4. Dieux dit, qu’encore que ce Vent ſoit de complexion froide & humide, il ne laiſſe pas toutesfois par ſon temperament de produire les Plantes & les Fleurs, dont pour cét on le couronne.