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qu’elle eſt auſſi petite que noſtre œil, à comparaiſon de la vaſte eſtenduë du Ciel.

Le Degré par où elle deſcend ſert à nous faire ſouuenir, Que les ſujets intelligibles ont leur proportion & leur ordre, par qui, comme par certains degrez nous allons des choſes voiſines aux plus lointaines, & des baſſes aux plus hautes ; à quoy nous paruenons inſenſiblement par le moyen du temps, ſans lequel il eſt impoſſible à l’eſprit humain de former aucun raiſonnement.

Le Compas qu’elle a ſur la teſte demonſtre le meſme que ſon viſage à l’eſgard des choſes celeſtes. Car l’experience fait voir, Que cét inſtrument eſt le plus propre de tous à meſurer, & pareillement à former le Cercle, qui eſt la premiere figure irrationnelle, d’où dependent les raiſons de toutes les choſes, comme de leur premier & propre principe. Le Compas conuient donc fort bien à la Theorie, puiſque la connoiſſance humaine conſiſte à ſçauoir meſurer les choſes, & les ajuſter enſemble auecque proportion ; A raiſon dequoy les Philoſophes, comme le remarque Diogenes Laërtius, furent au commencement appellez Analogiſtes.


Tvtele. CLXII.


C’Est vne Femme veſtuë de rouge, qui de la main gauche tient vn Liure de compte au deſſous d’vne Balance, auecque le mot Compvta, & de la gauche le bord de ſa Robe, dont elle ſemble vouloir couurir la nudité d’vn Enfant qui dort à ſes pieds, au deſſus duquel ſe voit vn petit Lezard, & vn Coq de l’autre coſté.

Il y a deux ſortes de Tuteles, l’vne generale, que les Egyptiens ont dépeinte de la maniere que la deſcrit Orus Apollo, Paul. l. I. tit. de Tut. & l’autre particuliere, qui eſt de finie vne puiſſance que donne le Droit ciuil à vn homme libre, de prendre la protection de celuy qui n’eſt pas en aage de ſe pouuoir deffendre.

Elle tient vne Balance & vn Liure, pour monſtrer, Que le Tuteur eſt obligé en conſcience de rendre vn fidelle compte du bien des Pupiles ; n’y ayant point de Loy qui n’impoſe de grandes peines à ceux qui les oppriment. Suetone loüoit fort