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Que ſi la Philoſophie tient des Liures en vne main, & vn Sceptre en l’autre, c’eſt pour monſtrer, Que les hommes de haute naiſſance ne doiuent point negliger cette belle Reyne, & que le conſeil des ſages Miniſtres eſt tout à fait neceſſaire au gouuernement des Eſtats : L’Hiſtoire remarque à ce propos, Que Solon, Lycurgus, & Zeleucus, furent Princes & Legiſlateurs enſemble ; à ſçauoir des Atheniens, des Lacedemoniens, Plut. in Iſid. & Oſir. & de ceux de Locres : Et que les Egyptiens n’eſtimoient iamais pour Chef que le plus ſage de leurs Preſtres, ou le plus aguerry de leurs ſoldats, afin de maintenir la tranquillité publique par la valeur, ou par la bonne conduite.


Poesie. CXXXII.


TOvtes les beautez mortelles, quelques grandes qu’elles ſoient, n’ont rien de pareil à celle de cette Deeſſe. Elle a le viſage vn peu enflammé, l’action d’vne perſonne penſiue, vne Couronne de Laurier ſur la teſte, les Mammelles nuës & rebondies, comme ſi elles eſtoient pleines de laict, vne Robe de couleur celeſte, toute semée d’Eſtoilles, vne Lyre en la main gauche, & en la droite vne maniere de Haut-bois, ou de Fluſte.

La Poëſie, ſelon Platon, eſt à proprement parler, vne expreſſion des choſes diuines, dont vne fureur celeſte embraze l’entendement.

On la peint ieune & belle, pource qu’il n’eſt point d’homme si barbare, ny ſi peu ſenſible qui ne ſoit charmé de ſa douceur, & attiré par ſon mouuement.

Elle eſt couronnée de Laurier, arbre touſiours verdoyant, & qui ne craint point la foudre, pource que les Muſes s’aſſujetiſſent le Temps, qui plonge dans l’oubly toutes les choſes du monde ; Et que n’eſtant iamais ingrates à ceux qui les ſeruent, elles leur donnent l’Immortalité, pour recompenſe de l’eſtime qu’ils en ont faite.

M. de Malherbe.

La Vertu, qui de leur eſtude
Eſt le fruict le plus precieux,
Sur tous les actes vicieux
Leur fait haïr l’Ingratitude.