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Vous ſeul, Monseignevr, entretenez ce peu de vigueur qui reſte à mes pauures Muſes. Les voyla tantoſt au bout de la Lyce, où elles languiroient hors d’haleine, ſi vous ne leur donniez dequoy reſpirer. Elles doiuent leur repos à voſtre Generoſité ; & peuuent bien dire, qu’elle les venge du tort qu’Apollon leur fait il y a ſi long-temps. Car c’eſt luy qui par vn trauail opiniaſtre les ayant preſque reduittes à n’en pouuoir plus, ne leur donne pour toute recompenſe que des fueilles ſans fruict, & que de vaines Guirlandes, où il y a beaucoup moins de fleurs que d’eſpines. Vous au contraire, Monseignevr, pour les deliurer de peine, & mettre leurs Eſtudes à l’ombre, leur faites cueillir tous les ans vn precieux Rameau d’or, qui mieux que celuy d’Enée raſſeure leurs craintes, & les rend victorieuſes de toute ſorte d’obſtacles. Ce n’eſt donc pas merueille, ſi touché ſenſiblement de vos biens faits, ie m’eſcrie en m’adreſſant à vous, de meſme qu’Horace à ſon Mecene,

O & præſidium, & dulce decus meeum !

Mais comme ce Poëte Lyrique ne pouuoit recourir qu’à ſes Vers, pour reconnoiſtre les grandes obligations qu’il auoit à cét illuſtre Romain ; Ainſi, Monseignevr, m’eſtant impoſsible de vous remercie aſſez dignement de celles