l’on reſſent plus pour l’amour de Dieu, que pour aucune crainte de la peine, contient en ſoy trois parties principales, qui ſont la Contrition, la Confeſſion, & la Satisfaction. La premiere est denotée par ſon viſage bleſme & melancolique. La ſeconde, par ſes yeux eſleuez au Ciel, pour vn teſmoignage du pardon qu’elle demande à Dieu : Et la troiſieſme par le gril, inſtrument proportionné à la peine temporelle, par qui se meſure encore le merite de cette vertu qui nous viuifie. Adjouſtons à cecy, que comme le gril eſt vn milieu entre le feu & la choſe que l’on cuit ; la Penitence de meſme en eſt vn autre entre les douleurs du pecheur & l’Amour de Dieu, qui en eſt le motif.
Pour ce qui eſt de la diſcipline & du poiſſon qu’elle tient en ſes deux mains, cela ſignifie que la Penitence pour eſtre ſalutaire, ſe doit aſſaiſonner auec le Ieuſne & la Contrition.
Par la Croix encore il faut entendre la patience, & la correction de ſoy-meſme, pour la conformité merueilleuſe que le penitent s’acquiert auec Ieſus-Chriſt, en renonçant aux vanitez de la terre : à quoy il eſt exhorté par ces paroles, Qui veut eſtre mon Diſciple, qu’il porte la Croix, & qu’il me ſuiue.
Peril. CXXII.
Evx qui ſçauent par experience, combien ordinaires
ſont les dangers de la vie, n’en peuuent auoir eſpreuué
de plus grands qu’en eſpreuue ce ieune Homme
que nous dépeignons icy. De quelque coſté qu’il
ſe tourne, il ſe void menacé d’vn peril ineuitable. Lors qu’il
foule aux pieds les fleurs & les herbes, il marche ſur vn Serpent
qui luy mord la jambe par derriere. Que s’il veut aller plus
outre, il void d’vn coſté vn precipice ouuert deuant luy, & de
l’autre vn furieux torrent qui l’eſpouuente. En ces faſcheuſes
extremitez il n’a pour tout appuy qu’vn freſle roſeau ; & ſi ſes
yeux ſe trouuent effrayez par des objets ſi funeſtes, ſes oreilles
ne le ſont pas moins par le bruit d’vn horrible tonnerre, qui
perce la nuë, & en fait ſortir peſle-meſle l’eſclair & la foudre.
Bien que la vie du ieune ſoit auſſi douteuſe que celle du vieillard, veu que Dieu dit generalement à tous, Tenez vous preſts, puis que vous ne ſçauez ni le iour, ny l’heure ; Il ſe void neantmoins que le ieune eſt en plus grand danger que le vieillard, à cauſe que pour la vigueur de ſon aage, qui le rend naturel-