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puis qu’elle conſiſte à ſçauoir mortifier ſes appetits, & à ſouſmettre pour vn plus grand bien, ſa volonté propre à celle d’autruy : Ce qu’vne perſonne peut difficilement faire, ſi elle n’eſt portée d’inclination aux choſes loüables & vertueuſes. Auſſi eſt-elle peinte auec vn viſage plein de modeſtie, à cauſe que ceux qui en ont beaucoup ſont d’ordinaire plus honneſtes gens que les autres, & plus enclins à aimer la raiſon, d’où dépend principalement le moyen de bien obeïr.

Le Crucifix, & l’habillement qui ſe porte dans le Cloiſtre monſtrent, Que pour l’amour de la Religion, l’Obeïſſance eſt grandement recommandable. Voila pourquoy les hommes contemplatifs & qui craignent Dieu, diſent, Que pour l’amour d’elle la diuine Bonté nous accorde tres-volontiers nos prieres, & l’accompliſſement de nos deſirs.

Le joug qu’elle porte auecque le mot Svave, nous apprend qu’il n’y a point d’amertume en cette Vertu. Leon Dixieſme eut cette deuiſe en ſa ieuneſſe, & la retint depuis, quand il fut eſleué au Pontificat. Ce qui eſt aiſé de voir encore aujourd’huy en pluſieurs magnifiques baſtimens qu’il a laiſſez dans Rome, & dehors, où ſe remarque le meſme mot, tiré de ces paroles de Ieſus-Chriſt, Iugum meum ſuaue eſt, c’eſt à dire, mon joug eſt doux à porter : par où ce grand Chef de l’Egliſe entendoit parler ſans doute de l’Obeïſſance que doiuent les vrays fidelles, à leurs Vicaires legitimes.

On la peut repreſenter encore par vne Femme veſtuë de blanc, qui porte vne Croix ſur ſes eſpaules, & qui tourne les yeux vers le Ciel, d’où rejaliſſent pluſieurs rayons reſplendiſſans comme des eſclairs.

Toutes ces choſes nous font remarquer, que l’Obeïſſance doit fouler aux pieds les intereſts du monde, aſpirer aux recompenſes de l’Immortalité, & ſe ſouſmettre patiemment aux Loix & aux Regles qui luy ſont impoſées, quoy qu’elles ſemblent inſupportables aux ſens.

Quelques-vns ont peint l’Obeïſſance qu’on doit à Dieu par vne Femme honneſtement veſtuë, qui regarde attentiuement vn Sacrifice ſur vn Autel, & qui d’vne main qu’elle a trempée au ſang de la victime, ſe touche le bout de l’oreille droite.

L’explication de cette Figure eſt tirée de la Bible, où il eſt dit, Que Moyſe s’en alloit touchant l’extremité des oreilles du ſouuerain Preſtre Aaron, & de ſes enfans, auec les meſmes