Noblesse. CVII.
Lle eſt icy peinte en habit long, comme elle ſe
void en la Medaille de Geta, où elle tient vne Lance
d’vne main, & de l’autre vne petite Image de
Minerue, auec deux Couronnes en bas. Par la robe
longue, que les ſeuls Gentils-hommes pouuoient porter au
temps des Romains, il eſt demonſtré, Que la grauité des
mœurs eſt bien-ſeante aux perſonnes nobles ; Par la Lance
jointe à l’Image de Minerue, Que les Sciences & les Armes
ennobliſſent l’homme ; Et par les deux Couronnes, Que les
biens du corps, & ceux de l’ame y contribuent entierement :
à quoy ſert beaucoup, ſelon les Poëtes, la Deeſſe Pallas, pour
eſtre née du cerueau de Iupiter : ce qui doit s’entendre myſtiquement
du diſcours, & de l’intellect, par le moyen deſquels
on peut ſe mettre en eſtime, & s’acquerir les qualitez qui ſont
neceſſaires à la vraye Nobleſſe.
D’autres la peignent auec vne Eſtoille ſur la teſte, & vn Sceptre en main, pour donner à connoiſtre, Que la Nobleſſe naiſt de la vertu d’vn courage illuſtre ; & qu’elle ſe conſerue facilement par le moyen des Richeſſes.
Nonchalance. CVIII.
N la repreſente par vne Femme écheuelée, malveſtuë, & couchée par terre, où elle dort, appuyée
ſur l’vn de ſes bras, & tient de l’autre main vn Horloge
renuerſé.
Ses cheueux épars, ſon pauure équipae, & ſon aſſoupiſſement, font voir, Qu’vne perſonne nonchalante rampe toûjours, & que ſa faineantiſe deplaiſt à tout le monde.
Quant à l’Horloge qu’elle tient de trauers, & dont le ſable ne peut couler, cela denote le temps perdu ; A quoy l’on peut adjouſter vne tortuë, qui ſe traine ſur ſa robe, pour vne marque de ce que le pareſſeux eſt ſi tardif & ſi peſant, que comme dit l’Arioſte,
Il ne peut ny marcher, ny ſe tenir debout,
Et de crainte d’agir il ſe couche par tout.