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de la Moderation, & dompte les mouuemens de la Colere, ne peut eſtre mieux repreſentée, que par l’Elephant ſur qui elle s’appuye. Auſſi a-t’il touſiours eſté chez les Egyptiens vn ſymbole de cette vertu : car il tient cela de la Nature, de ne combattre iamais auecque des beſtes moins fortes que luy, ny meſme qui luy ſoient eſgales, ſi elles ne l’irritent extremement : Que s’il en rencontre pluſieurs, il ſe tire auſſi-toſt à l’eſcart, de peur qu’il a de leur nuire : Ioint que s’il trouue dans les deſerts quelque voyageur qui ſoit eſgaré, il ne luy fait aucun mal, & le remet dans ſon chemin auec vne adreſſe merueilleuſe.

C’eſt encore à fort bon droit, qu’vne Guirlande d’Oliuier eſt le prix de cette vertu : Car ce bel arbre a eſté de tout temps vne marque de Manſuetue. Et voila pourquoy les anciens Preſtres Egyptiens vouloient que toutes les figures de leurs Dieux fuſſent faites de ce bois. Par où ils vouloient dire ſans doute, Que c’eſt le propre de Dieu de communiquer ſes graces liberalement aux hommes, de leur pardonner leurs offences, & de les traitter auecque toute ſorte de douceur & de Manſuetude. A quoy l’on peut adjouſter, Que l’Oliuier n’eſt pas ſeulement pacifique, mais que l’huile qui en ſort, a tant de force contre la fureur, qu’eſtant iettée dans la mer elle la rend calme, & fait ceſſer la violence des vents qui l’agitent.


Mariage. XCII.


IL ne peut mieux eſtre dépeint que par le portrait de cette Femme richement veſtuë, ayant ſur le col vn Ioug, vn Coin en vne main, des Entraues aux pieds, & vne Vipere au deſſous.

Par les Entraues, & par le Ioug, il eſt demonſtré, Que le Mariage eſt vn aſſez peſant fardeau pour les forces de l’homme, qui ſe vend ſoy-meſme, ſe priuant de liberté, pour s’obliger à vne loy perpetuelle, & ſe ſoubmettre le plus ſouuent aux caprices d’vne femme. Auecque tout cela neantmoins, il ne laiſſe pas d’eſtre deſirable, pour pluſieurs conſiderations, & particulierement pour celle d’auoir des enfans, qui pour l’vtilité publique ſuccedent aux biens & aux vertus de leurs peres.

On luy met vn Coin à la main, d’autant que par l’expreſſe ordonnance de Solon, anciennement on preſentoit ce fruict