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Lettres, le Nom de noſtre Seigneur Iesvs-Christ eſt myſtiquemnet comparé à de l’huille reſpanduë ; Et dans les Pſeaumes de Dauid, il eſt parlé de l’Oliuier, qui fructifie dans la Maiſon du Seigneur. Auſſi eſt-il vray-ſemblable, que les Anciens en couronnoient Iupiter, pource qu’ils le croyoient extrememement bon, & le plus parfait de tous les Dieux.

Et d’autant que l’homme de bien eſt animé quand on le loüe ; Cela ſe demonſtre par la figure du cœur, pendu au col, comme il ſe lit dans Orus Apollo ; De meſme que par les aiſles blanches il faut entendre la merueilleuſe viſteſſe, & la ſyncerité de la vraye Loüange.

Quant à la fauſſe, elle eſt dépeinte auec vn habillement bizarre, ſemé de petites figures noires, propres à denoter les actions baſſes & laſches des gens ſans merite ; qui pour eſtre loüez, bien qu’indignement, ont accouſtumé d’achetter les ſuffrages des Flatteurs, & des hommes mercenaires.

Au contraire de cecy, dans vne certaine Medaille d’Antinüs eſt repreſentée de cette ſorte l’illuſtre Loüange. C’eſt vn Mercure, auecque des aiſlerons à la teſte, & des talonnieres aux pieds ; tenant de la main droite le Cheual Pegaſe, & de la gauche vn Caducée.

Par ce Courrier celeſte, ſi fort eſtimé pour ſa viteſſe, & pour ſon bien dire, ſe doit entendre l’efficace de la parole, qui s’épend de tous coſtez par la bouche de celuy qui loüe ; Ce qui nous eſt encore ſignifié par les talonnieres de ce Dieu, & par le Cheual Pegaſe qu’il mene en main : Car cela veut dire, Que plus on fait aller viſte la Loüange des grands hommes, & plus elle prend d’accroiſſement. Ce que le peuple Romain voulut autrefois donner à entendre, par la Medaille qu’il fit battre à l’honneur de Domitian, où eſtoit graué le meſme Cheual, qui ſembloit courir & voler enſemble.