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commencement ny fin ; ainſi la Loüange de Dieu, comme eternelle qu’elle eſt, n’a point de limites. Auſſi eſt-ce pour cela, Que tous les peuples du monde, & les Elemens qui ſont le chef-d’œuure de ſes mains, à ſçauoir le Ciel, la Terre, l’Air, le Feu, & les choſes qu’ils contiennent ne ceſſent de le loüer, comme le ſouuerain Autheur de leur eſtre.

Le merueilleux eſclat qu’on oit ſortir de la Trompette dont elle ſonne, ſignifie la ſplendeur du nom de ces ames vertueuſes, qui meritent de iuſtes Loüanges. C’eſtoit pour cela, Qu’au plus haut du Temple de Saturne, les anciens Romains ſouloient eſleuer les figures des Tritons, & des autres Dieux marins, dont les queuës ne paroiſſoient point ; pour monſtrer par là, Que l’Hiſtoire des euenemez paſſez ſous le regne de Saturne eſtoit ſi connuë, qu’il n’y auoit pas moyen d’en perdre le ſouuenir ; Comme au contraire, les choſes aduenuës auparauant, eſtoient cachées, & enſeuelies dans les tenebres.

Elle eſtend le bras gauche, comme ſi elle vouloit monſtrer 12. q. 22, art. 2 quelqu’vn, à cauſe, dit S. Thomas, Que la Loüange eſt vn diſcours, qui eſclaircit la grandeur de la Vertu, eſtant veritable que tout ce qui en a, merite d’eſtre loüé : Ce qui nous eſt confirmé 1. Rhet. par Ariſtote, quand il dit, Que loüer n’eſt autre choſe, qu’eſleuer en termes exprés les bonnes qualitez qui ſont en autruy : Et voila pourquoy l’on tient, que Caton merita plus de gloire pour auoir banny le vice de Rome, que Scipion pour auoir vaincu les Carthaginois, veu qu’à proprement parler, la Loüange, comme le remarque le meſme Philoſophe, regarde les actions.

Or pource qu’à le prendre en general, il y a deux ſortes de Loüanges differentes, à ſçauoir la vraye, & la fauſſe ; elles ſont auſſi diuerſement repreſentées.

La premiere eſt vne Femme qui tient vne Trompette en la main droite, & en la gauche vn Rameau d’Oliuier ; outre qu’elle a des aiſles au dos, & qu’elle porte au col vne chaiſne d’or, au bout de laquelle pend vn cœur en forme de joyau.

Par la Trompette, il eſt declaré, Que ce luy eſt vne choſe ordinaire de publier de tous coſtez les actions des gens de bien, afin d’en rendre l’eſtime vniuerſelle par toute la terre. Par le Rameau d’Oliuier, Qu’on s’efforce en vain de blaſmer ce qui eſt loüable de ſoy ; Car cét Arbre & ſon fruict ſont toûjours pris en bonne part. Voila pourquoy dans les ſaintes