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Fermeté de langage. LX.


CEtte Peinture eſt tirée de Pierius, en ſes Figures Hieroglyfiques, où il dit, Que les Preſtres Egyptiens ſouloient repreſenter la Fermeté du Diſcours par vn Mercure, ſur vne baze quarrée, où s’enfonçoient ſes deux pieds : Par où ie m’imagine, qu’ils ne vouloient monſtrer autre choſe, ſinon que le bon raiſonnement, ſouſtenu par vn eſprit iudicieux & ſolide, peut ſubſiſter de ſoy-meſme, ſans auoir beſoin en aucune ſorte de l’aide des pieds, ny de celle des mains, pour s’affermir & ſe rendre ineſbranlable, ny de celle des mains, pour s’affermir & ſe rendre ineſbranlable. Et poſſible que pour cela meſme au lieu de baze, quelques autres luy cachent les pieds dans vn monceau de pierre ; pource qu’anciennement les paſſans en iettoient pluſieurs au bas de ſa ſtatuë, comme le remarque Fornutus en ſon Liure de la nature des Dieux.

Quant à ſes aiſles, & à ſon Caducée, cela nous apprend deux choſes ; L’vne, Qu’encore que les paroles soient legeres, & qu’elles ſemblent voler, ſi eſt-ce qu’eſtant proferées auecque poids & iudicieusement, elles ne laiſſent pas de faire vne forte impreſſion dans la memoire : L’autre, Qu’vne Eloquence ſolide fait reuiure les hommes par le ſouuenir de leurs belles actions ; Tout de meſme que Mercure reſſuſcitoit les morts par la ſecrette vertu que les Anciens attribuoient à ſon Caducée.