Page:Ripa - Iconologie - 1643.pdf/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ſes œufs il en ſort quelquefois deux pouſſins ; Ce que Pierius dit auoir veu dans Padoüe ; Et Albert le grand aſſeure le meſme. Que s’il en faut croire Ariſtote, il s’eſt touué des Lib. 7. c. 4. Hiſt. an. brebis aſſez ſouuent, qui ont porté iuſques à cinq agneaux à la fois : Et poſſible eſtoit-ce pour cela, qu’anciennement les Femmes en ſacrifoient deux auecque leur mere, s’il arriuoit qu’en leur accouchement elles euſſent des jumeaux. Mais il aduient quelquefois, qu’elles en ont bien dauantage, puis Lib. 10. c. 2. in Chro. qu’Aule-Gelle, Iulles Capitolin, Boterus, & Martin Cromer, nous aſſeurent, Qu’au territoire de Laurente, vne des eſclaues d’Auguſte, accoucha de cinq enfans maſles, qui veſcurent quelque temps : Qu’il en arriua de meſme à vne autre ſous l’Empire d’Antonin : Que l’an 1276. naſquirent de la Comteſ^se Marguerite trois cens ſoixante & quatre creatures, qui furent toutes baptisées, ſous les noms de Ieanne, & d’Elizabeth : Comme il ſe remarque encore auiourd’huy ſur leur tombeau, qui eſt dans vn Monaſtere de Religieuſes de ſainct Bernard, prés de la Haye en Hollande, où cette Hiſtoire eſt eſcrite au long : Et qu’en Cracouie l’an 1269. vne autre Marguerite, femme du Comte Verbolaüs accoucha de trente-ſix enfans.

Pour ce qui eſt des Lapins, qui ſe voyent à l’autre coſté de cette Figure, c’eſt fort à propos qu’ils y ſont mis ; ces animaux eſtans ſi feconds, qu’en allaictant leurs petits, ils en produiſent d’autres. A quoy ſe rapporte la remarque qu’en fait Valere le Grand, qui dit que dans vne certaine Iſle qu’il nomme, ils multiplierent en ſi grand nombre, que les habitans furent contrains de leur quitter la place, ſi fort ils en eſtoient incommodez.

A ce que ie viens de dire de la Fecondité, ſont conformes à peu prés deux anciennes Medailles, de Fauſtine & de Mamée ; En la premiere deſquelles, elle ſe void repreſentée ſur vn lict, auec des enfans qui ſe joüent à l’entour d’elle : Et en la ſeconde, par vne Femme, qui tient d’vne main vn Enfant, & de l’autre vne Corne d’abondance.