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ſepare le pur d’auecque l’impur ; & qui par d’eſtranges metamorphoſes, change le noir en blanc, les herbes en verre, & le bois en cendre.

Pour ce qui eſt de la pierre de touche, c’eſt à fort bon droit qu’elle figure l’Experience, en eſtant vne infaillible du prix des metaux, & particulierement de l’or.


Favevr. LVII.


POvr la faire voir aux yeux, telle que l’eſprit ſe l’imagine par ſes effets, les Anciens l’ont repreſentée par vn ieune Homme, qui a des aiſles au dos, vn Bandeau aux yeux, & les pieds ſur vne roüe.

Cette Peinture qu’ils en ont faite, n’a eſté, à mon aduis, que pour nous deſcouurir trois ſources, d’où procedent & rejaliſſent toutes les faueurs. La premier eſt la Vertu, ſignifiée par les aiſles, qu’on attribuë par Metaphore au vol de l’eſprit. La ſeconde, la Fortune, Qui par les richeſſes qu’elle donne aux hommes, les fait combler de Faueurs ; bien que toutefois elle ne ſoit qu’vne Deïté fabuleuſe, à qui nous ne deuons attribuer aucun Empire ſur les choſes d’icy bas, qui dépendent toutes de la Prouidence Diuine. Et la troiſieſme, ie ne ſçay quelle conioncture heureuſe, qui ſe rencontre entre l’humeur des Grands, & les inclinations de ceux qu’ils eſleuent. Mais quoy qu’il en ſoit, les Romains & les Grecs imputoient au hazard la pluſpart des proſperitez de la terre, & leur donnoient vn Bandeau, tel qu’il ſe void icy, à cauſe que ceux qui les poſſedent en ſont le plus ſouuent aueuglez.


Felicité eternelle. LVIII.


C’Est l’image d’vne ieune Fille nuë, belle à merueilles, reſplendiſſante, & couronnée de Laurier. Elle eſt aſſiſe ſur vn Ciel eſtoillé, d’où elle regarde en haut, auec vn viſage ioyeux, tenant de la main gauche vne Palme, & de la droite vne Flamme de feu.

On la peint ieune & de belle humeur, pource que la ioye, la ſanté, les biens incorruptibles, & toutes les graces particu-