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Le Mannequin
Le Mannequin

royale, bâties à leurs dimensions, pour leur servir de Patrons porte-habits. Il fallait le rendre accessible à tous, ce mannequin vivant. On le fabriqua en carton, d’après les anatomies enviées, en modelant sur le nu les élégantes qui lancent la mode. « Comme on avait l’heure de la couturière, la parisienne actuelle a l’heure du mannequin. Elle ramène à lui ses rêves, son esprit, son cœur, elle le mêle à sa vie entière… » (Alex. Hepp).

Le Jean Bart, cartonnage 1899.

Le même publiciste juge son influence des plus néfastes : « Il est le bourreau de la mode et du luxe… Avec lui la tentation est trop forte. La Parisienne ne s’attarde plus à imaginer, elle ne s’occupe plus d’elle-même, elle court au mannequin, elle trouve sur lui de quoi faire bonne figure et à bon compte. Il lui ôte la fatigue, le mérite d’inventer. Pourquoi, dit-elle, me préoccuper ? Je sais où trouver ce qu’il faut, je suis le mannequin 44… »

La confection par séries a tué le goût. On a imposé la classification des formes, alors que jadis primait la. joie des couleurs, la grâce des dentelles. Il en est résulté une uniformité navrante. Toutes les classes portent aujourd’hui le même vêtement, et il n’est pas facile de distinguer l’épouse d’un charbonnier d’une coquette