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artistes eurent-ils besoin de tuteurs ? Non sans doute, car, dit encore Uzanne « les petites reines de l’âge romantique ont montré des trésors d’élégance délicate et affinée, des compréhensions exquises de goût. »

Sous le second Empire le règne de notre tyran d’osier, de fil-de-fer ou de carton, se dessine. C’est la période de déformation. L’impératrice Eugénie avait des goûts espagnols, très personnels, trop personnels, l’amour des couleurs voyantes, et une couturière nommée Caroline, qui a laissé des descendants. Comme elle avait la taille très courte, toutes les élégantes, pour copier leur souveraine, eurent la taille courte, ou plutôt la taille basse. Il fallait un gabarit à cette copie qui ne pouvait s’exercer que d’une façon imparfaite. Il y eut le patron, de cartons cousus, puis il y eut la crinoline. La « taille », première élégance de la femme devint grotesque. Monsieur Lavigne, qui fit les premiers gabarits, indocile, faillit se brouiller avec Madame Conneau, femme du médecin de l’empereur.

Le Mannequin
Le Mannequin

On consulta le « goût courant », la « langue du boulevard », et, dans la Vie Parisienne, l’opinion de Marcellin. Et celle-ci conseillait hardiment aux belles personnes voluptueuses : « Ni corsage, ni jupon, pourvu cependant que ce soit convenable… »